Le constat à l’origine du projet
Évolution des canaux de communication
Depuis une vingtaine d’années (voire plus), les supports de communication utilisés par les spéléologues ont bien changé. Les bulletins de clubs ou de Comités Départementaux qui étaient la norme dans les années 80/90 ont cédé la place aux blogs. Aujourd’hui ces derniers se muent souvent en pages Facebook privilégiant de plus en plus une information éphémère et superficielle.
Parallèlement, les bases de données en ligne ont remplacé les inventaires papier qui n’étaient finalement jamais d’actualité. Elles offrent désormais l’avantage de mises à jour constantes, un accès facile et une certaine sécurisation des données. C’est une évolution incontestablement positive.
De leur côté, les topoguides sont de plus en plus le fruits de sites collaboratifs comme « descente de canyons » pour le canyoning, ou « camp to camp » pour la montagne. Ils offrent les avantages d’une actualité en temps réel avec des infos puisées à la source car venant de ceux qui pratiquent. Toutefois, depuis quelques temps on note un regain d’intérêt pour les topoguides imprimés qui ressortent ça et là avec à la clef un réel succès.
Bref le panorama de la communication en spéléo a bien changé depuis les années 70/80. Il reste cependant quelques supports papiers immuables comme Spélunca ou Karstologia et un peu plus récemment la revue Speleo pour une audience nationale. Dans les territoires il y a également des bulletins qui parviennent à conserver une périodicité. C’est le cas de Scialet (CDS Isère), de SpéléAude (CDS Aude), de LSD (CDS Drôme) etc. et de Spéléoc (CSR occitanie), mais qui est plutôt une feuille de liaison. Mais autant dire que ramené au nombre de pages publiées, la production est très faible.
Un déficit d’articles de fond
Dans ce panorama assez rapide, on constate qu’il n’existe pratiquement plus aucun support pour des articles de fond, des monographies ou des articles à orientation scientifique.
Pourtant, nos pratiques spéléos ont bien évoluées. Les topographies ont atteint un niveau de grande qualité, la couverture iconographique des explorations est pléthorique et surtout beaucoup d’études à vocation scientifique sont venues compléter les productions réalisées par les spéléos : observations et mesures à caractère hydrologique, bio spéléologique, géologique, paléoclimatologique etc..
Pour s’en persuader il suffit de feuilleter les derniers « Spéléoscope »(bulletin de liaison des commissions nationales scientifique et environnement de la FFS) qui présentent les activités scientifiques réalisées aux quatre coins de l’hexagone par les CDS, régions, clubs et commissions nationales. Mais si ces activités s’avèrent extrêmement riches et variées, elles souffrent de l’absence évidente de support pour les présenter de façon développée puis les diffuser.
Dans les Pyrénées, mis à part le cas de la Pierre St Martin (ARSIP) et de l’Aude qui publient régulièrement leurs travaux c’est le vide complet depuis plusieurs dizaines d’années. Cette absence de support durant une longue période a également généré une situation inquiétante à double titre.
Le premier concerne le risque majeur de perte d’informations, certaines études et découvertes ayant été réalisées il y a déjà plusieurs années.
Le second affecte la capacité de chacun à rédiger des articles et faire des synthèses tout simplement par manque d’habitude. Il nous a donc semblé intéressant et urgent de réfléchir à la création d’une revue pour combler ce vide et redonner aux spéléos pyrénéens le goût de publier les résultats de leurs découvertes.
Les étapes de la mise en route de la revue
Partage d’expériences
Nous ne sommes pas les seuls à avoir réfléchi à cette problématique et plutôt que de repartir à zéro nous nous sommes rapprochés de deux structures ayant relancé une publication ces dernières années. Il s’agit de la revue « Le Karst Comtois » éditée par le GIPEK, une structure indépendante rattachée à plusieurs CDS de Bourgogne-Franche Comté et du bulletin « Spéléalpes » édité par le CDS 74 (Haute Savoie). Des échanges très fructueux avec les rédacteurs et gestionnaires de ces deux revues nous ont permis d’y voir plus clair sur les choix à faire en matière de contenu, de forme et de présentation de la revue mais aussi sur la manière de la gérer, de la diffuser et de la rendre pérenne.
Cette première étape nous a permis de voir qu’un tel projet est viable financièrement et que dans les deux cas, il correspondait à de véritables attentes tant au niveau des auteurs potentiels que des lecteurs.
Formation d’une équipe
Dans un second temps il nous a fallu constituer une équipe de bénévoles représentative des différents départements de la chaîne Pyrénéenne. Celle-ci n’a pas été très difficile à réunir et en moins d’un mois nous avions une vingtaine de personnes motivées et aux compétences variées (voir liste ).
Une liste de diffusion a ensuite permis d’échanger tous ensemble pour bâtir les grandes lignes d’un cahier des charges ainsi que les étapes de la mise en place du projet.
Caractéristiques principales de la revue
Afin de se fixer un cadre et des objectifs concrets, nous avons défini les grandes lignes de ce que sera la revue :
- Une couverture géographique correspondant à l’ensemble de la chaîne pyrénéenne y compris le versant espagnol
- Le contenu concerne toutes thématiques en rapport avec le karst et le milieu souterrain (spéléologie, archéologie, hydrogéologie, biospéléologie…)
- Auteurs des articles : pas de restriction (spéléos fédérés, chercheurs…)
- Public concerné : spéléologues fréquentant le karst pyrénéen (locaux (820 fédérés) + nombreux groupes extérieurs), collectivités locales, chercheurs, cabinets d’études, amateurs de régionalisme…
- Périodicité bisannuelle
- Une version papier qualité quadrichromie format A4 relayée dans un second temps par une version numérique afin d’éviter les surstocks.
- Nombre de pages à titre indicatif calculé d’après les prévisions des auteurs qui se sont manifestés : 200
- Sortie du 1° numéro : fin 2023, début 2024
Choix d’un titre « Pyrénées Souterraines »
Après de nombreuses propositions nous avons finalement choisi un titre à la fois évocateur de notre terrain d’études mais également marqué par une histoire liée à la spéléologie locale.
En effet, Pyrénées Souterraines est également le titre d’un ouvrage écrit dans les années 90 par Jacques Jolfre. Une façon aussi de rendre hommage à cet explorateur qui a parcouru le massif de long en large.
Évaluation du contenu
Afin d’estimer le volume d’articles susceptibles d’être publiés dans les prochaines années nous avons commencé à établir une liste en interrogeant les auteurs potentiels faisant partie de l’équipe de conception du projet.
Cette quête d’articles, qui n’est encore qu’embryonnaire, reflète bien la demande des spéléos locaux avec notamment des monographies sur quelques cavités majeures des Pyrenées.
Dans un second temps, il conviendra bien sûr de contacter les nombreuses équipes venues de l’extérieur (autres départements, étranger) qui explorent les karsts pyrénéens sans oublier nos voisins espagnols concernés également par la publication.
Quelle structure pour porter le projet ?
Autrefois les publications locales dépendaient presque systématiquement d’un club, d’un CDS voire d’un CSR. Ce choix offrait l’avantage d’une gestion simplifiée mais le principal inconvénient concernait le contenu qui, bien souvent, se trouvait circonscrit aux limites administratives dont la structure dépendait. Le fait d’opter pour une entité plus vaste et une logique géographique cohérente (les Pyrénées) rend plus complexe la gestion de la publication puisque celle-ci concerne 6 départements (CDS 64, 65, 31, 09, 11 et 66) répartis dans 2 régions (CSR Nouvelle Aquitaine et CSR Occitanie). Avec autant de partenaires, une gestion collégiale paraît difficile à mettre en place et nous avons choisi de créer dés 2023, une association indépendante mais en relation étroite avec les structures fédérales concernées. La nature de ces relations reste à définir dans la rédaction des statuts de cette future association à laquelle les CDS et CSR seront associés.
En attendant la création de cette structure et afin de démarrer au plus tôt, le GSHP de Tarbes s’est proposé d’être le porteur du projet par intérim.